Journal de bord de ce drôle d’ennemi invisible à l’œil nu et pourtant….
Vendredi 13 mars 2020 environ 13h….. Cela faisait une bonne semaine, que nous avions demandé à Arthur de ne plus jouer dehors avec les copains. Par précaution, par anticipation. Voilà, les écoles seront fermées entre le 16 mars et le 30 avril 2020 ! Mettre en place une organisation va être la première démarche. Faire de cette crise, une opportunité pour chacun de nous trois individuellement et ensemble.
La première semaine a été une semaine de test et de mise en place. La mise en route de nos journées partagées entre notre travail à domicile, la vie scolaire d’Arthur et de nouvelles habitudes, comme être tous les 3, 7/7 jours, 24/24h.
La gestion de la nourriture, de nos provisions.
Nous avons fait quelques provisions et comme les marchés en ville ont également fermés, nous nous sommes dirigés naturellement vers les petits producteurs que nous avions déjà l’habitude de fréquenter (voir nos bons coins).
Après notre organisation interne et la gestion des repas, nous voici embarqué tous les 3 pour quelques semaines de confinement. Le mot d’ordre, très rapidement, a été de se demander :
- Quelles opportunités pouvons-nous tirer dans cette crise ?
S’évader. Sortir. Marcher. Se libérer du tracas de tous les jours. Se décharger des tensions liées aux nouvelles en lien avec le COVID19…
Alors à partir du vendredi 21 mars, nous sommes sortis au moins un jour dans le week-end. Nous nous sommes baladés en raquettes à la Barillettte, à Fin Château. Nous avons randonné près de Rômainmottier, aux alentours de St-Georges. Nous sommes rentrés à plusieurs reprises avec de l’ail des ours, de la dent-de-lion et préparés de succulents repas. Nous avons même profité de dormir sous tente dans le Jura, loin de la civilisation et de ses tracas. Nous en avons profité pour instaurer des méditations tous les 3 dans la nature. Magique.
Arthur et l’école à la maison…
Arthur a pris des cours d’informatique avec son papa, il a notamment appris à trier, classer des photos, celles qu’il avait prises lors de nos excursions. Il a eu beaucoup de plaisir dans cette tâche qui lui a permis d’exercer également sa dextérité, son apprentissage des nombres et de l’écriture. Il a créé, aussi avec son papa, un mot croisé basé sur la thématique du printemps. Avec Maman, Arthur a fait du badminton, du foot et de la cuisine, du calcul, de l’écriture et de la lecture.
Arthur a appris à compter et recompter jusqu’à 100 et fait les dizaines. Il a renforcé son apprentissage de l’écriture. Il a fait des mandalas géants avec des Kapla. Il a customisé son carton « école-Confinement ».
Arthur a appris à lacer ses chaussures. Il a fait un calendrier géant pour apprendre les jours de la semaine, les dates, le mois et la saison, comme il le faisait à l’école.
Nous avons troqué ses Duplos par des Légos techniques. Son papa a posté un message sur un réseau social et nous avons procédé à des échanges afin de laisser l’opportunité aux enfants d’échanger leurs boites, les responsabiliser et les rendre attentifs au fait d’être respectueux de leurs affaires et de celles des autres.
Lors de la construction d’un objet en Légo, Arthur procède à un inventaire. Ce qui lui permet d’être attentif et concentré, de se faire une représentation de toutes les pièces, de développer sa créativité.
A Pâques, nous avons passé 3 jours dans une cabane entre nous. Nous avons transformé une invitation à la maison avec les cousins en chasse aux œufs à distance « on live ». Opération réussie et appréciée des petits comme des grands.
Nous avons fait plusieurs bivouacs, notamment dans le Jura, près de chez nous. Nous emportions avec nous les vivres pour 2 jours, notre tente et l’eau dont nous avions besoin. Il nous est arrivé de chercher un coin de neige afin de nous réapprovisionner en eau. Nous faisions fondre la neige avec notre réchaud et on la convertissait en thé.
Nous sommes également partis bivouaqué dans la région du Doubs et de Noiraigues.
Nous avons fait quelques promenades à vélos avec Arthur. Nous aimerions prochainement pouvoir partir en vacances par ce moyen-là, comme nous le faisions lorsqu’il était petit et suffisamment léger pour le véhiculer dans une remorque.
Au début du confinement, nous avons fait en sorte d’avoir tout le nécessaire pour être en mesure de nous occuper de notre jardin en permaculture. Nous avons ajouté de la terre et de la paille. Nous avons semé nos graines. Nous les avons vues grandir et se faire dévorer par des limaces. Nous avons recommencé. Quelques plans ont résisté aux ventres affamés des limaces. Nous avons trouvé une parade à leurs ravages. Des rondelles de pommes de terre… les gourmandes… Nous avons planté nos petites graines devenues plantons. Aujourd’hui, nous avons consommé quelques courgettes, des fraises et 2 salades. Nous faisons régulièrement du thé de menthe qui est une mauvaise herbe mais qui a sa place dans notre potager. Nous attendons encore la future récolte de salades, de tomates rouges, noires petites ou grosses, d’aubergines, de courges de différentes sortes, de courgettes, de concombres, de myrtilles et de différentes herbes. Et pour cet hiver, nous aurons des choux de Bruxelles.
Télétravail
L’obligation du télétravail s’est imposée pour nous deux dès le lundi 16 mars. Arthur restant à la maison, nous devions être en mesure d’assurer son éducation scolaire. Cela a réellement été une opportunité. Nous avons vécu intensément notre vie familiale. Nos liens s’en sont vus renforcés ainsi que notre conviction des bienfaits du télétravail.
Nous sommes aujourd’hui confortés aux doutes que nous avons de notre société, au sens donné à la vie, au stress accumulé. Au-delà de la tragédie vécue par certaines familles, nous sommes heureux d’avoir traversé cette crise et d’avoir pu vivre sereinement cette période de ralentissement, qui a renforcé notre réflexion sur notre place en tant qu’être humain sur cette planète.